Le soleil se couchait, rougeoyant sur la ligne d'horizon.
C’était à ce moment là que moi et mes compagnons avions décidé d’accomplir notre périple. J’avais initié le premier mouvement de ce voyage, rassemblant des alliés parmi mes connaissances. Cette mission nous amènerait à tuer. Encore tuer. Mais cette fois, c’était une facette de la mort elle-même que nous allions affronter.
Songeuse, je regardais autour de moi, la brume ondulait entre les arbres tordus, comme dans une supplique gémissante. Je songeais au combat que j’allais mener. J’affronterais encore une fois ma propre mort, sure de l’emporter à nouveau. Comme toujours. Car les veilleurs m’avaient dotée d’une caractéristique que je n’allais jamais oublier. Une particularité que l’on n’efface pas comme l’on efface le flamboiement de l’âme au fond des yeux d’une créature. L’immortalité.
Ainsi sommes nous, les élus. Jamais je ne m’effacerais lorsque je passe dans le noir, jamais je ne m’envolerais vers les cieux, sans qu’une chaîne me rattache au sol. Mon âme avait été liée, et mon esprit devrait marcher sur cette terre éternellement. Etait ce tuer qui me dérangeait ? Non, bien sûr. Le bien me le demandait, parfois.
Je revins à la réalité qui m’entourait.
Nous avions emprunté la voie des rois. Le cachot qui menait à de l’Ombre de Regulos apparaissait désormais. C’était un petit tumulus, duquel émergeait une entrée construite dans la pierre. Le couloir qui s’offrait à nous plongeait dans l’obscurité. Nous pénétrâmes dans celui-ci. Devant nous, un rude combattant ouvrait le chemin, une torche à la main. Je l’avais recruté car je savais que lui seul pouvait nous aider à accomplir cette mission. J’avais connaissance de ses faits de valeurs, et mes propres yeux avaient étés étonnés par ce que cet homme avait pu leur donner à voir. C’était pourtant un être méprisable et méprisant, mais parfois, seul le pire est capable du meilleur..
« Hum… Ce tunnel est aussi vieux et sombre que toi...à la différence que, à ton âge, tu es sûrement beaucoup plus sèche que lui ! »
Cette voix elfique portant la remarque outrageante venait d’Amyo. Mes cheveux gris et mon visage creusé lui faisaient régulièrement faire le rapprochement avec une vieille sorcière. C’était pourtant avec lui que je choisissais de faire route le plus souvent. Etait-ce son côté sage impétueux, ascète raffiné, ou pieux dangereux qui m’avait plu ? Je ne saurais dire. En tout cas, aucune retenue ne semblait l’étouffer.
Le bout du tunnel s’offrit à notre vue. Une salle à l’architecture élaborée, bardée d’orifices sur les murs et les dalles du sol. Debout, dans les ténèbres, se dressait un colossal gardien.
« La corruption enfermée ici ne doit pas être libérée ! Vous allez mourir afin que je défende cet endroit ! »
L’homme que j’avais engagé s’avança, et tout s’enchaîna très rapidement ensuite.
………….